Sauveterre-de-Béarn est une commune française, située dans le département des Pyrénées-Atlantiques en région Nouvelle-Aquitaine. Ses habitants sont appelés les Sauveterriens1.
À la frontière du Béarn, cette petite cité médiévale construite sur escarpement rocheux bénéficie de sa situation au carrefour de la Soule et de la Basse Navarre. Sauveterre possède d'importants vestiges médiévaux : église Saint-André, tour Monréal, pont de la Légende et restes de fortifications. Au pied de la cité s'écoule le gave d'Oloron.
La ville est une étape de l'une des principales voies de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Via Lemovicensis (ou voie de Vézelay).
Dans Sauveterre et ses environs subsistent des vestiges de sites protohistoriques, comme le montre l'existence des lieux-dits « touroun » et « castéra ».
Le touroun est une enceinte circulaire de type « oppidum isolé ». Il s'agit d'une colline pourvue d'un parapet en terre. Il a un rôle de défense, d'observation et de communication avec le castéra. Le touroun de Sauveterre se situe à l'emplacement du château vicomtal construit au Moyen Âge. Il surplombait le gave d'Oloron et devait permettre de surveiller un pont en bois en contrebas.
Le mot « castéra » vient du latin « castrum ». Il s'agit d'un camp retranché. Le lieu-dit « castéra » à Sauveterre se trouve à environ 3 km au nord de la ville. Il présente une enceinte de forme elliptique ainsi qu'un fossé.
Ainsi, même si la ville de Sauveterre n'existait pas encore à cette époque, ces vestiges protohistoriques montrent bien qu’il y a eu une occupation du site bien avant le Moyen Âge.
On trouve la première mention connue du nom de Sauveterre dans le cartulaire de Dax, écrit vers 1120. Ce cartulaire explique que vers 1055, un certain « Loup Brasc de Sauveterre » est envoyé par le vicomte d’Oloron, Loup Aner, pour déloger le clergé dacquois au profit de l’évêché d’Oloron du Garenx et du Reveset (région environnant Sauveterre). Sa mission accomplie, Loup Brasc reçut un cheval de guerre de grand prix et gouverna la ville de Sauveterre. Sauveterre appartient donc désormais à la vicomté et à l’évêché d’Oloron. Peu de temps après, la vicomté d’Oloron est rattachée à la vicomté de Béarn : Sauveterre fait alors partie du Béarn.
À cette époque, Sauveterre ou « Saubaterre » en béarnais, est une ville construite sur un escarpement rocheux surplombant le Gave d'Oloron. La cité médiévale faisait face à la Soule et au royaume de Navarre au sud, ainsi qu'à la Gascogne au nord-ouest. Sauveterre a donc pour rôle de défendre les frontières sud et ouest du Béarn. La ville forme un premier bourg, organisé autour du château, qui domine le pont enjambant le gave d’Oloron. Il s'agit du « bourg Mayou », ou « bourg Majeur » en béarnais.
Entre la deuxième moitié du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle, une église au nom de Saint-André est édifiée. Cette vaste église est construite hors du premier bourg. Un deuxième bourg, « le bourg Saint-André », va donc se créer autour de cette église. On construit notamment dans ce nouveau bourg la tour Monréal.
La création du bourg Saint-André coïncide avec le nom de Sauveterre. En effet, Sauveterre ou Salva Terra en latin signifie « la terre sauve ». Ce nom désigne une installation médiévale sous protection ecclésiastique : les Sauvetés, développées durant le XIe siècle et le XIIe siècle. Une sauveté était délimitée par des croix et par des fortifications autour d’une église.
Le bourg Saint-André aurait donc pu être construit au XIIe siècle par les évêques d’Oloron qui avaient un pouvoir encore persistant dans la région, et qui étaient alliés aux vicomtes de Béarn. Sauveterre serait donc une sauveté particulière car le vicomte et le clergé possédaient deux bourgs distincts dans la même ville. La tour Monréal qui est située juste à côté de l’église Saint-André pourrait alors être le palais épiscopal des évêques d’Oloron.
Au Moyen Âge, Sauveterre-de-Béarn devient l'un des principaux bourgs de la Vicomté de Béarn d'un point de vue économique et militaire. La cité devient également une halte indispensable pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle car la cité est située sur la voie de Vézelay.
Au XIIIe siècle, Gaston VII de Béarn renforce les fortifications de Sauveterre-de-Béarn. Il fait reconstruire ou rénover le château vicomtal, l'hôpital des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle et fortifie un pont primitif. Il meurt en 1290 en son château de Sauveterre.
En l'an 1276, Philippe III le Hardi, roi de France, décide de rétablir sa sœur, Blanche de France, sur le trône de Castille. Pour cela, le roi de France décide de lever en été un ost14 considérable afin d’envahir la Castille. L’armée française s’arrêta à Sauveterre de Béarn et ne franchit pas les Pyrénées, faute de vivres suffisants et car l’hiver arrivait. Les troupes françaises rebroussèrent chemin en novembre de la même année.
Au XIVe siècle, le règne de Gaston Fébus apporte beaucoup à Sauveterre-de-Béarn. En pleine guerre de cent ans, Gaston Fébus obtient l’indépendance du Béarn. Sauveterre prospère encore d’avantage grâce à sa situation au carrefour de la voie Est-Ouest, entre Toulouse, située dans le royaume de France, et Bayonne, qui se situe en Gascogne anglaise, et la voie Nord-Sud reliée à l’Espagne. Les fortifications de Sauveterre-de-Béarn sont également renforcées et améliorées. Le château de Sauveterre et le pont, construits par Gaston VII de Béarn, sont remaniés par Gaston Fébus. Le pont prend alors son allure définitive, celle du pont de la Légende. Enfin, le 10 juin 1364, sur la demande de Gaston Fébus, le Pape Urbain V autorise l'installation des Carmes à Sauveterre. Gaston Fébus meurt en 1391, dans la forêt de L'Hôpital-d'Orion lors d’une partie de chasse. Son corps est alors ramené dans le château de Sauveterre, la ville la plus proche. Il fut ensuite inhumé au couvent des Jacobins à Orthez.
Paul Raymond3 note qu'en 1385, Sauveterre comptait 226 feux, ce qui fait l'un des centres de population les plus importants du Béarn. Son bailliage comprenait également les paroisses de Carresse, Cassaber, ainsi que celles incluses dans les subdivisions de Garenx14 et dans la viguerie de Mongaston15.
Au XVe siècle, la cité est toujours une ville-frontière économique, de garnison et de réception royale. En effet, lors de la campagne de Catalogne (1456-1466), en 1462 puis en 1463, Gaston IV de Foix-Béarn reçoit le roi de France Louis XI à Sauveterre. Ce dernier rencontre en 1462 Jean II, roi d’Aragon, sur le pont d’Osserain. Les vicomtes de Béarn, deviennent légitimement rois de Navarre à la suite d’une guerre de succession en 1479. Sauveterre jouera un rôle important dans l’indépendance de la Navarre durant le XVIe siècle grâce à son statut de ville-frontière. Un troisième bourg, « le bourg Pléguignou » va être totalement réaménagé comme un bourg militaire face à la Navarre. L’arsenal y est d’ailleurs édifié dès le XVe siècle.